La Rue
 
dossier pdf Menu
Menu

 

Analyses

Les arts de la rue

Portrait économique d'un secteur en pleine effervescence

d'Elena Dapporto

 

L'auteur

* Chercheuse en économie spécialisée sur les arts de la rue ;

* Chargée de mission sur les arts de la rue au ministère de la culture ;

 

Description

* Dans les années 60, émergence de la rupture d’urbanisation ;

* Formes d’expression artistiques réactives, conviviales ;

* Tentent de re-donner sens à la notion de vie urbaine ;

* Une action politique engagée ;

* Un Art de la Rue et non un Art dans la Rue;

* Nécessite une politique de soutien aux compagnies ;

* Pas de prise de conscience du ministère de la Culture ;

* Diversification des répertoires au détriment de la recherche artistique ;

* Reconnaissance de ce secteur dans les années 90 ;

* Fondation d’un centre national de création pour les arts de la rue.

 

Analyse

* Une analyse économique sous forme d'historique ;

* Un secteur défini de manière récente ;

* Présentation de la difficulté d’appréhender ce secteur face à la diversité de propositions artistiques ;

* Utilisation d'une étude économique menée en 1997 ;

* Mise en relief d'un secteur fortement basé sur la vente et non pas sur la subvention publique ;

* Exposition des ressources très diversifiées existantes.

 

 

 

Elena Dapporto, auteur

Elena Dapporto est chercheuse en économie spécialisée sur les arts de la rue et chargée de mission sur les arts de la rue au ministère de la culture.

Descriptif

Dans les années 60 apparaissent deux formes excentrées de la vie urbaine, les Grands Ensembles et la grande distribution commerciale, qui inaugurent l’émergence de la rupture d’urbanisation, la prolifération des "non-villes" aux périphéries et la crise des centres urbains traditionnels. Parallèlement vont se manifester à nouveau des formes d’expression artistiques réactives, conviviales qu’on a pu qualifier, dans le cadre de l’action culturelle, d’animation. Tout en se référant, en effet, à un passé historique et au delà d’un simple retour nostalgique, ces nouveaux animateurs, ces nouveaux spectacles, ces nouvelles manifestations, prennent en charge leur époque. L’idée nouvelle de cette prise en charge consiste à tenter de réanimer la rue. En tant que telle, elle a comme objectif fondamental de re-donner sens à la notion d’animation urbaine, de vie urbaine.

Ce renouveau culturel a fort à faire avec la ville comme polis. C’est bien d’une action politique dont il s’agit, mais engagée dans des stratégies volontaires réfléchies. Tandis que les "Arts de la Rue" veulent faire de la politique grâce à la fête, les urbanistes veulent faire de l’urbain grâce aux "Arts de la Rue". On voit s’y dessiner l’originalité d’une intervention en espace public qui se veut être un Art de la Rue et non un Art dans la Rue. Cette opposition est l’indice d’un refus d’instrumentalisation de la ville et de la rue comme décor.

Cependant cette rencontre ne peut voir le jour qu’avec une politique de soutien aux compagnies « de rue », nécessaire à la gratuité de tels spectacles. Au cours des années 80 et début 90, le ministère de la Culture n’a pas pris conscience de l’importance de ce secteur, laissant aux municipalités la charge de financer et diffuser un champs artistique en pleine effervescence. Pour pouvoir survivre, les compagnies d’arts de la rue ont donc dû s’adapter à la demande des acheteurs potentiels (municipalités, sociétés privées, théâtres...), diversifiant leur répertoire souvent au détriment de la recherche artistique. Au cours des années 90, le ministère a entamé une reconnaissance de ce secteur, avec la fondation d’un « centre national de création pour les arts de la rue », et une politique de soutien aux lieux de fabrication et de diffusion. Cependant cette reconnaissance reste timide puisque le montant des aides ministérielles attribuées aux arts de la rue atteint à peine 2% du budget de la Direction de la Musique de la Danse du Théâtre et des Spectacles.

Analyse

Deux aspects peuvent être d’abord avancés : les arts de la rue sont un secteur qui a été défini d’une manière récente, même si ses racines historiques et esthétiques peuvent remonter au Moyen-Âge ou plus récemment à des mouvements d’avant garde comme l’agit Propp, ou autres manifestations qui choisissaient dans l’espace public une définition de leur art et de leur démarche artistique. Mais en tant que secteur repéré, notamment par les institutions, il s’agit d’un mouvement récent. On peut aujourd’hui estimer le secteur des arts de la rue à environ 800 compagnies qui sont extrêmement diverses : on y retrouve des grandes troupes comme le Royal De Luxe, l’une des plus célèbres, mais aussi des artistes individuels qui se produisent sur l’espace public. La difficulté d’appréhender ce secteur est déjà de poser un périmètre, face à la très grande diversité de propositions artistiques et des formats des compagnies.

Cette étude économique et les données ont été récoltées en 1997, il est donc probable que les chiffres ne soient plus tout à fait justes, mais les grands axes problématiques dégagé par l’enquête sont encore largement d’actualité. L’étude a mis en relief le fait que ce secteur est fortement basé sur la vente et non pas sur la subvention publique comme cela peut être le cas pour le théâtre institutionnel. Cette vente se réalise auprès d’interlocuteurs qui sont eux-mêmes, soit directement des entités publiques, soit des organismes subventionnés essentiellement par des collectivités. On se trouve déjà devant une contradiction assez intéressante, les arts de la rue reçoivent peu de subventions directes, mais 68% de leurs ressources sont financés par la vente à des organismes publics ou essentiellement basés sur des financements publics. Les subventions publiques directes sont faibles. Le ministère de la culture a entamé une politique en soutien de ce secteur depuis 1993, avec une mise en place des dispositifs d’aides pour la création, les compagnies et les lieux de fabrication dans la deuxième moitié des années 90.

L’enquête conduite sur l’économie des arts de la rue a permis de récolter des données sur les tournées réalisées par les compagnies sur une année. Au delà du marché de diffusion répertorié et connu, cette enquête nous a montré que les ressources, au niveau de la vente, étaient beaucoup plus diversifiées que les seuls festivals de rue. Les festivals ne représentent que 19% de leur chiffre d’affaire. On trouve ensuite les tournées à l’étranger qui représentent également une partie peu importante au niveau du ratio (15%). Arrivent ensuite les représentations occasionnelles, c’est là que se retrouvent les différents interlocuteurs que peuvent être les associations de quartier, les comités de fêtes... Les organismes privés jouent également un rôle important.

conclusion
lieu de la dernière chance... avant tout un lieu de vie...en ville centre des revendications populaires... nouveau lieu d'expression artistique... le public les documents la recherche documentaire la problématique le plan de classement de Gérard Jugnot de Robert Doisneau des Ogres de Barback du Collectif_fact de Chris Marker de l'association Hors les murs d'Elena Dapporto retour à l'introduction