La Rue
 
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Analyses

Chats perchés

de Chris Marker

 

chats perchés

Le Réalisateur

* Suit les cours de philosophie de Jean-Paul Sartre;

* Prend son pseudonyme "Marker" pendant la 2nd Guerre mondiale ;

* Journaliste après la guerre ;

* Crée aux éditions du Seuil la collection Petite Planète ;

* Auteur d'oeuvres diverses et protéiformes ;

* Renommée internationale avec le court-métrage de fiction La Jetée (1962) ;

* Politiquement, tous ses films sont engagés.

 

Decription

* Un journal filmé, de septembre 2001 à septembre 2003 ;

* Suit la trace de M. Chat ;

* Un documentaire sur l’histoire en train de se faire ;

 

Analyse

* Itinéraire parisien, Chris Marker traquant M. Chat ;

* M. Chat est une figure pacifiste et marginale ;

* Lucidité et ironie ;

* La réalisation fait tout pour sembler non travaillée ;

* Associations inattendues entre les plans;

* Un hommage aux nouvelles cultures ;

* Une quête de la sagesse ?

 

chats perchés

 

Analyse d'une séquence

* « vous avez un message en attente » ;

* Pas de destinataire, il peut nous être adressé ;

* Un curseur sur le message laisse apparaître un texte ;

* Il s’agit d’une invitation à une flashmob ;

* Le message détaille la marche à suivre ;

* Les plans suivants montrent des personnes munies de parapluies, on peut supposer qu’elles vont se rendre à la flashmob ;

* Un flyer avec la voix synthétique qui nous informe de son contenu ;

* Présentation des participants par une série de plans ;

* Plan sur un SDF qui brise la légèreté du documentaire ;

* Expliquation et présentation de la flashmob;

* Carton : « Et tout ça sous le regard d’un chat » ;

* Présentation de M. Chat.

 

 

 

Chris Marker, Réalisateur

Cinéaste et écrivain français né le 21 juillet 1921 à Paris, Marker semble tenir au mystère du lieu et de la date de sa naissance, et prétend être né en Mongolie, à Oulan-Bator, qui signifie héros rouge en langue mongole. Il suit les cours de philosophie de Jean-Paul Sartre et obtient sa licence. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il rejoint la Résistance en tant que parachutiste. C'est de cette période, où il prend l’habitude de tout noter, qu'il tire son pseudonyme « Marker ». Il est ensuite employé par l'UNESCO, ce qui lui permet de parcourir le monde. Il visite de nombreux pays socialistes, et rend compte de ce qu'il y voit dans ses films et les revues auxquelles il collabore.

Journaliste après la guerre, il crée aux éditions du Seuil la collection Petite Planète, dénomination qui répond à l’une de ses propres vocations : globe-trotter. Il publie un essai original et important sur Giraudoux, puis un roman Le coeur net. En 1952, il réalise avec de très modestes moyens un reportage sur les jeux olympiques d’Helsinki, Olympia et, écrit le commentaire du film d’Alain Resnais Les statues meurent aussi (1953). Chris Marker est aussi assistant dans ce film, qui aura les honneurs de la censure la plus rigoureuse et ne sera autorisé que des années plus tard.

L’oeuvre de Marker est protéiforme, Marker fait en effet du cinéma, de la poésie, de la photographie, des carnets de voyages et des arts multimédias. Sa renommée internationale est venue avec le court-métrage de fiction La Jetée (1962). La seule fiction de Marker est paradoxalement son œuvre la plus connue. Avec Sans soleil, Marker développe un intérêt certain pour les techniques numériques, qui le mènent à réaliser le film Level 5 (1997) et Immemory (1998), un CD-ROM multimédia interactif, produit par le Centre Georges Pompidou. Politiquement, tous ses films sont engagés et se veulent une révolution. Il a beaucoup traité les thèmes de la lutte contre l'oppression, de la lutte syndicale et ouvrière. Une autre de ses oeuvres majeures est Le fond de l’air est rouge, un documentaire sur l’état du monde.

Synopsis

Ce documentaire se présente comme un journal filmé, de septembre 2001, date à laquelle de drôles de matous au large sourire firent leurs apparitions sur les murs de la capitale française, jusqu’au moment de leur quasi-disparition en septembre 2003. Chris marker va suivre leur trace. Chats perchés prend également une autre direction, et devient un documentaire sur l’histoire en train de se faire, des élections présidentielles de 2002 à la guerre en Irak, en passant par les différentes manifestations, comme celles contre la réforme des retraites, ou le conflit des intermittents. Chris Marker a dit, dans un de ses rares entretiens, qu’il considère ce film comme un petit film d’atmosphère, simple et sans prétention.

Chris Marker est un cinéaste très engagé politiquement, il s'est souvent posé comme le sismographe des grands mouvements politiques du monde, il a par exemple soutenu les mouvements contestataires des années 70. Il mélange toujours l’anecdotique avec l’important, ici, les tags de chats orange avec l’actualité récente. Il est aussi toujours où on ne l’attend pas, il aime surprendre, prendre à parti, voire déstabiliser le spectateur. Les documentaires de Chris marker questionnent également sur l’histoire et le sens de l’image. Ici, il nous fait douter de l’existence de M. Chat, afin de remettre en question notre confiance envers les images.

Analyse

Les premières images de Chats perchés font donc penser à un itinéraire parisien, Chris Marker traquant M. Chat, pour ensuite arriver à l’histoire récente de la France, ou M. Chat est une figure pacifiste et marginale. Marker regarde ses contemporains avec lucidité et ironie (les cartons sont souvent assez mordants), il s’amuse par exemple de la politisation de son animal fétiche. La réalisation fait tout pour sembler non travaillée, voire rudimentaire, d’où l’utilisation du numérique, du montage fluide, et également un mélange des techniques, du cinéma ancien (les cartons) aux technologies récentes (le morphing). Comme c’est toujours le cas dans les films de Marker, l’écriture et le montage sont très travaillés. Il crée par exemple de nombreuses associations inattendues entre les plans, alterne ballade dans Paris et images d’archives, télévisées ou filmées par l’auteur lors de nombreuses manifestations qui animèrent la période. Marker procède par ellipses, associations d’idées, et multiplie les digressions.

Le chat occupe une place d’honneur dans le bestiaire de Marker. Il symbolise en effet dans de nombreux pays la sagesse. La quête de M. Chat prend donc dans ce cas une dimension quasi mystique, où à la poursuite du chat se substituerait celle de la sagesse. Chris Marker y voit le symbole et le garant d’une liberté de la pensée, à la fois bienveillante et insolente. Par l’intermédiaire de ce chat, et comme nous l’indique le générique de fin (« ce film est dédié à M. Chat et à tous ceux, comme lui, qui créent une nouvelle culture »).Chris Marker rend hommage aux nouvelles cultures.

Analyse d'une séquence

Le premier plan nous montre un écran d’ordinateur, avec les mots « vous avez un message en attente » accompagné de la représentation d’une chouette, qui est un animal récurrent dans l’œuvre de marker, au même titre que le chat. Le texte et l’image clignotent, et un « bip » électronique se fait entendre. Le message n’ayant pas de destinataire peut nous être adressé. De même, l’écran de l’ordinateur peut aussi être notre écran. Le message est donc le film, et le fait de l’ouvrir est le contrat tacite entre le spectateur et le réalisateur. On aperçoit ensuite un curseur sur le message, qui laisse apparaître un texte. Une voix synthétique nous lit le contenu du message. Il s’agit d’une invitation à une flashmob (un rendez vous lancé sur le web en vue d’une action commune, éclair et absurde). Le message détaille la marche à suivre : il faut synchroniser sa montre sur l‘horloge parlante, se rendre à un lieu donné et à une heure précise muni d’un parapluie. D’autres instructions seront données sur le lieu de la flashmob. Ce second plan place le documentaire dans une réalité temporelle et spatiale, il exprime aussi l’aspect contemporain du documentaire, les flashmobs étant un phénomène très récent.

Les quatre plans suivants montrent des personnes dans le métro, avec la voix synthétique qui continue de lire les instructions. Les personnes filmées étant munies d’un parapluie, on peut supposer qu’elles vont se rendre à la flashmob. Les deux plans suivants montrent des personnes qui marchent munies d’un parapluie. Elles sont filmées de dos, on ne voit que la partie inférieure de leur corps. La caméra est au poing, ce qui donne un effet pris sur le vif. Le plan suivant montre une main d’homme qui tient un parapluie et un flyer. Le plan est très serré sur le prospectus. L’homme regarde ensuite sa montre. La caméra est toujours mobile. Le plan suivant montre un bout de parapluie. Puis nous revenons une seconde sur l’homme qui tenait le flyer, il regarde encore une fois sa montre. Comme lui, nous attendons que la flashmob commence.

Le plan suivant nous montre le flyer, étant assez court, nous ne pouvons pas lire, mais la voix synthétique nous en informe, et se superpose à la musique. Les trois plans suivants montrent le bas du corps de différentes personnes. Ces plans nous montrent par les vêtements le type de personnes qui participent à la flashmob, on peut voir un homme en jean, un autre en costume et attaché-case, et un couple. Le plan suivant montre encore le bas du corps d’une personne, à priori plutôt jeune, qui marche. La caméra la suit, puis s’arrête sur un clochard, étendu à terre, et brise la légèreté du documentaire. Chris Marker nous suggère par ce biais que son documentaire sera bel et bien politique, et que la frivolité de l’instant est trompeuse. La musique et la voix ont disparu, remplacés par les bruits diégétiques. On peut voir, en arrière plan, que de nombreuses personnes sont présentes sur la place. Les effets de cadrage et de montage nous montrent qu’un dispositif est en train de se mettre en place.

Dans le plan suivant, la voix reprend et nous explique le but de la flashmob. Les six plans suivants nous montrent les personnes qui tournent autour d’un pot, en ouvrant et fermant leur parapluie à intervalles réguliers. Un plan un peu plus long que les autres, et immobile, nous aide à nous rendre compte du mouvement de rotation de la foule. A ce plan se superpose l’image du pot en métal jaune et brillant posé sur un haut socle en béton, qui accroche les reflets du soleil. Le plan étant en contre-plongée, ce pot donne l’impression d’être une absurde idole. Le plan suivant est un carton. Il nous dit « Et tout ça sous le regard d’un chat ». Pour la première fois, c’est le réalisateur qui intervient pour nous prendre à parti, il est accompagné d’un bruit assez aigu, issu d’un synthétiseur. Ce plan est en rupture avec le reste du documentaire, tant sur la forme (carton, qui fait évidement penser au muet) que sur le fond (de quoi Marker parle t-il ?).

Le plan suivant revient sur le pot en métal posé sur le socle en béton, mais un zoom saccadé est effectué, pour s’arrêter sur un des toits. Le mouvement est accompagné d’une musique assez étrange. On peut deviner une peinture de chat jaune et souriant sur un mur. Le plan suivant est à nouveau un carton. On peut y lire « UN CHAT ? ». Ces deux mots sont hurlés, on peut en tout cas le supposer car les deux mots sont écrits en majuscules. Les trois plans suivants nous montrent le même toit parisien, les coupes simulant un zoom et dévoilant un chat. Dans tous ces plans, l’image est numérique, de qualité plutôt quelconque, on suppose que l’image et le son ont été captés avec du matériel standard, il s’en dégage une impression de neutralité et d’objectivité.

conclusion
lieu de la dernière chance... avant tout un lieu de vie...en ville centre des revendications populaires... nouveau lieu d'expression artistique... le public les documents la recherche documentaire la problématique le plan de classement de Gérard Jugnot de Robert Doisneau des Ogres de Barback du Collectif_fact de Chris Marker de l'association Hors les murs d'Elena Dapporto retour à l'introduction