La Rue
 
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Synthèse

La Rue : lieu de la dernière chance...

 

Pour certain, et c’est sûrement un de ces aspects les plus médiatisé, La rue est un espace de conflits et survie quotidien. Précarité, danger sont les termes qui lui sont souvent associés. On l’a vu ces derniers temps, avec les conflits dans les cités, où les jeunes, souvent délaissés pas le système, y expriment leur désarroi pas les seules armes qu’ils connaissent et maîtrisent : violence, menaces, dégradations… Ainsi, dans un CD paru très récemment chez Wagram music, intitulé Rue, deux rappeurs de la banlieue parisienne, Alibi Montana et Lim, s’associent pour exprimer ce mal être. Rien ne justifie ces violences urbaines mais beaucoup de choses les expliquent. Ce sont des symptômes d'une crise de société globale qui prend, ailleurs, d'autres formes. Les inégalités n'ont jamais été aussi importantes et flagrantes. Elles sont à la fois sociales, de traitement territorial, discriminatoires… on arrive aujourd’hui à un point tel que pour certains, toutes les occasions sont valables pour revendiquer, par l’excès, des droits qu’on leur refuse. Comme le chante Syrano dans le morceau Les Orgues de barbaries, même la fête est aujourd’hui détournée et utilisée dans les rues pour tenter d’oublier une réalité souvent décevante.

Mais si la rue est le lieu ou ceux qui se sentent trahis par le système social en place se révoltent, elle est aussi le lieu où ceux qu’on nommera les exclus de la société trouvent, à défaut de mieux, une place où vivre, ou plutôt survivre. Parmi ceux-ci on citera ici les deux catégories les plus connues : les prostituées et les sans domicile fixe. Pour ces gens, la rue apparaît souvent comme un lieu de la dernière chance. Dans Macadam, le réalisateur Gérard Goldman nous présente une soirée quotidienne et désillusoire de deux prostituées. La question qui se pose ici est plus ou moins : Comment remonter la pente quand on est en bas ? Mais surtout et avant tout quand personne n’est là pour vous tendre la main. Le photographe Jean-Louis Gendrot met très bien cet aspect en évidence avec son cliché Paris - Rue de Rennes. La rue est le lieu où l’on peut refuser de voir la misère pourtant bien présente. Et c’est peut-être aussi pour ça que tant de liberté est autorisée dans cet espace où le regard, finalement, peut se perdre.

Et pourtant il faut garder à l’esprit que la rue nous attend tous ! Personne ne peut se targuer d’être sûr de lui échapper. Certes, nous vivons dans un pays développé où la personne humaine est généralement prise en considération, etc. ; mais une foule d’éléments secondaires peuvent nous faire tomber de notre piédestal temporaire. Gérard Jugnot s’appuie sur cette vérité dans son film Une époque formidable. L’entraide existe au sein de cette communauté ou le « chacun pour soi » à tendance à être laissée à l’abandon. Équipes, clans se créent s’entraident… le rêve, l’amitié et l’amour font partie intégrantes de ce monde comme nous l’évoque la réalisatrice de L'accordéoniste, Martine Francen. Mais heureusement tous les regards ne se détournent pas ! Ainsi nombreux sont ceux qui font un pas vers la misère de la rue, les exclus… Et pour partager cette misère et échanger sur cette thématique, aider à surmonter la rue, rien de mieux aujourd’hui, comme partout, que les nouvelles technologies avec le webzine Paroles de rue : quand tu m’écoutes c’est plus que du pain de l’association Aux captifs, la Libération. Ici les exclus sont bienvenus pour conter leur aventure de marginaux dans cette société où même la rue leur laisse de moins en moins de place.

En effet, la rue n’est pas, plus, le domaine du seul piéton. Un autre élément entre en compte : l’automobiliste. Or la rue se nourrit des incidents qui se passent en elle. Et l’automobile apporte avec elle un nouveau danger pour tous. Doisneau montre bien la peur de cet autochtone avec la photographie La Meute. On y voit une jeune femme qui réussit à échapper à ce qu’il appelle « la meute des automobilistes ». Mais si certaines rues n’appartiennent plus au piéton d’autres sont toujours en sa pleine possession et généralement c’est là que la misère trouve refuge. Dans La vie devant soi, Momo, héros de Romain Gary (ou Émile Ajar) nous fait découvrir par ses pérégrinations d’enfant les petites rues de Belleville où chacun tente de survivre par des moyens divers et variés. Louis-Philippe Dalembert reprend cette même thématique mais avec un héros plus âgé et la population hétéroclite du faubourg Saint-Denis dans Rue du faubourg Saint-Denis.

Mais si tout semble gris, il faut savoir faire la part des choses. Dans survie il y a vie et la rue n’est pas que misère. Il y a de la vie derrière toute cette banalité comme le montre Sylvain Bouttet dans Un jour la rue et ceux qui regardent y passer le temps ne sont pas tous dans le besoin mais attendent juste que les choses évoluent, y espèrent. Si la situation est difficile, en banlieue peut-être plus qu’ailleurs, elle n’est pas sans espoir. Ainsi le montre l’œuvre de Loïc Connanski, Jour de marché à Ménilmontant. Et si on parle de révolte, si on souhaite secouer le monde dans lequel on vit c’est souvent pour le meilleur et rarement pour le pire, comme le disent les Ogres de Barback avec leur chanson Rue de Panam qui finit sur ces mots : « la joie dans Paris » ! Car la rue c’est cela également, la joie et la vie.

 

suite

conclusion
lieu de la dernière chance... avant tout un lieu de vie...en ville centre des revendications populaires... nouveau lieu d'expression artistique... le public les documents la recherche documentaire la problématique le plan de classement de Gérard Jugnot de Robert Doisneau des Ogres de Barback du Collectif_fact de Chris Marker de l'association Hors les murs d'Elena Dapporto retour à l'introduction