La Rue
 
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Synthèse

La Rue : nouveau lieu d'expression artistique...

 

Le rap et plus largement la culture hip hop font partie de ce qu’on appelle aujourd’hui les arts de la rue. Et c’est bien d’une action politique dont il s’agit, engagée dans des stratégies volontaires réfléchies. L’Art de rue du groupe Fonky Family montre bien ce lien. Dans la rue  le langage se libère : tout les interdits liés au foyer, à l’école, aux institutions diverses, disparaissent. Ainsi vers le début des années 70, la France voit se développer une forme d’événements festifs appelés couramment aujourd’hui "Arts de la Rue". Ces évènements ne sont pas nouveaux, dès le Moyen-âge ce mode d’investissement de la rue prenait place dans l’espace social grâce aux saltimbanques et bateleurs. Au XIXe siècle, on les rencontre de façon plus concentrée sur les boulevards. La seconde partie du XXe siècle les voit disparaître ou presque ; certains se souviendront peut-être des orgues de barbarie qu’Edith Piaf rappelle à notre souvenir avec sa chanson Les orgues de barbarie. Toutes ces formes semblaient s’être évanouies de la vie urbaine de la seconde partie du XXe siècle et voici qu’elles ressurgissent. Avec les chanteurs de rue qui se produisent pour gagner un petit pécule –Joe Dassin Le chanteur des rues- puis sous bien d’autres formes.

L'émergence des arts de la rue dans le paysage culturel français connaît, depuis le début des années 90, un essor considérable. Leur visibilité est de plus en plus grande dans les médias. On citera l’exemple de la fanfare Fanfare flingueurs, qui se produit dans les rues de Paris et qui a sorti un premier CD : Destroy à la clef. Le public est de plus en plus nombreux, les compagnies également. Ce développement, que l'on peut qualifier d'exponentiel, ne cache pas une certaine anarchie à tous les niveaux : pratiques artistiques, modes d'organisation et de diffusion, comportement du public, représentation et faible reconnaissance de la profession. La jeunesse de ces arts leur confère à la fois une vitalité remarquable et un désordre non canalisé. On citera notamment le mouvement des peintures sur les murs des rues ainsi que les graphes dont quelques exemples sont proposés dans la série Sur les murs de Thierry Grégoire ou dans le documentaires d’Alexis Cohen, Démarches de rue. Reste que leur succès s'explique par leur nature même : ils sont dans la rue, ils interviennent dans l'espace public et c'est déjà, en soi, une particularité qui suscite l'intérêt.

En investissant l’espace public, les artistes de rue déjouent les codes de la représentation artistique, transformant notre environnement en théâtre éphémère. On peut ici citer une exposition originale d'artistes dans les rues sur le thème : l'art et la rue, réalisée dans le cadre du Carnaval de Nice, immortalisée dans Passage à l’art, documentaire de Claude Vernick. Pour opérer cette mutation des signes contextuels, l’artiste est son propre médiateur et s’adresse à un public aléatoire, non culturellement déterminé : la population. Autre point intéressant, les contours de ce secteur sont très poreux. Deux principes fondateurs définissent les arts de la rue : le choix de l’espace public comme espace de jeu et le fait de s’adresser à une population qui de « passant » devient « public ». L’artiste de rue ne s’adresse pas à un public déterminé mais indéterminé qui est une « bande passante » qui existe de manière presque préalable dans l’espace public. C’est l’acte de l’artiste qui la retient et la fait déterminer comme public. Ainsi, les crayeurs de rue confrontent le public à un nouveau champ visuel urbain : l'horizontalité du sol, comme on peut le découvrir dans le livre de Jacky Lafortune Les crayeurs de rue et l'espace graphique. Craie-action dans la ville.

En tant que secteur repéré, notamment par les institutions, l’art de rue est un mouvement récent. Le seul centre de création national des arts de la rue, Lieux Publics -Lieux publics - Centre national de création des arts de la rue-, a aujourd’hui une vingtaine d’années. On assiste à des extensions en région de ce type de structure, mais c’est un phénomène récent et encore peu étendu. D’autres structures, également, se mettent en place comme des centres de ressource tel Hors les murs : le centre de ressource des arts de la rue et des arts de la piste. Le festival d’Aurillac, festival international de théâtre de rue, qui est aujourd’hui une référence dans le paysage des arts de la rue a été créé en 1986 c’est-à-dire environ un peu moins de quarante ans après le festival d’Avignon. On peut donc se poser des questions sur l’officialité de ces mouvements artistiques comme le fait Daniel Buren dans A force de descendre dans la rue, l'art peut-il enfin y monter ?.

On peut aujourd’hui estimer le secteur des arts de la rue à environ 800 compagnies qui sont extrêmement diverses : on y retrouve de grandes troupes comme le Royal De Luxe, l’une des plus célèbres, mais aussi des artistes individuels qui se produisent sur l’espace public. Une étude a été menée auprès d'un échantillon représentatif de compagnies travaillant en rue et d'organisateurs de manifestations de rue, elle met en évidence les caractéristiques communes du domaine, et les modèles économiques qui orientent les stratégies des acteurs. On la retrouvera dans le livre d’Elena Dapporto, Les arts de la rue. Portrait économique d'un secteur en pleine effervescence. La difficulté d’appréhender ce secteur est déjà de poser un périmètre, face à la très grande diversité de propositions artistiques et des formats des compagnies.

Aujourd’hui on constatera que les choses ont tout de même tendance à s’institutionnaliser. Les meilleurs grapheurs sont, depuis quelques années, reconnus comme des artistes à part entière. Il faut désormais chercher leurs travaux dans la catégorie beaux livres. Les graphes sont éphémères, les prendre en photo et en faire un livre permet de garder leur trace. Certains artistes commencent même à grapher sur toile comme Thomas Canto –Œuvres-. Autre exemple avec le musée Tony Garnier présenté sur les murs même du Grand Lyon -Le Musée urbain Tony Garnier. Et les artistes ont enfin la parole pour expliciter leurs démarches. Dans le livre In situ, Un panorama de l’art urbain de 1965 à nos jours de Stéphanie Lemoine et Julien Terral, c’est aux côtés de galeristes et d’élus qu’ils dressent un état des lieux de cet art en perpétuelle évolution.

 

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conclusion
lieu de la dernière chance... avant tout un lieu de vie...en ville centre des revendications populaires... nouveau lieu d'expression artistique... le public les documents la recherche documentaire la problématique le plan de classement de Gérard Jugnot de Robert Doisneau des Ogres de Barback du Collectif_fact de Chris Marker de l'association Hors les murs d'Elena Dapporto retour à l'introduction